Vespa orientalis
Photo par Stavros Markopoulos

Le frelon oriental fait partie du genre Vespa, tout comme le frelon européen et le frelon asiatique, que l’on rencontre en France. Il s’agit d’un insecte de l’ordre des Hyménoptères. Cet insecte est un prédateur qui inquiète les apiculteurs. Il est aussi une espèce potentiellement invasive qui a fait son apparition en France métropolitaine. Ce site regroupe les informations au sujet de sa biologie et des méthodes de lutte.

Quelques mots sur la biologie et l’écologie de cet insecte

Comme les autres frelons, Vespa orientalis est un insecte social. Il vît en colonie de plusieurs centaines d’individus et l’on y retrouve trois castes : ouvrières, mâles et reines. Mais contrairement aux abeilles, les colonies de frelons d’hivernent pas.

Comment reconnaître le frelon oriental ?

Le frelon oriental est de taille similaire au frelon européen (Vespa crabro). Mais sa coloration est assez dissemblable. Son corps est brun rougeâtre, avec deux segments jaune sur son abdomen. Une partie de sa tête est également jaune. Son thorax – la partie qui porte les ailes et les six pattes – est intégralement brun rougeâtre. Il n’a pas les pattes jaunes comme Vespa velutina, le frelon asiatique.

Mais attention, il ne faut pas le confondre avec l’inoffensive scollie des jardins.

tête du frelon oriental Vespa orientalis
La tête du frelon oriental est marquée de jaune (Photo : Avinoam Michaely).

La bande jaune qui se trouve sur l’abdomen est impliquée dans un étrange phénomène de captation de l’énergie solaire. Ce qui fait de Vespa orientalis un insecte qui intéresse les scientifiques. Peut-être seront nous capables de produire des panneaux solaires plus efficaces et moins polluants à fabriquer une fois que le secrets du frelon oriental seront percés.

D’où vient Vespa orientalis ?

Le frelon oriental est une espèce native de l’est du Bassin Méditerranéen. Il est connu depuis la Grèce, dans la plupart des régions du Moyen-Orient et s’étend en Asie Mineure jusqu’en Inde et au Népal. En Afrique, il se retrouve de l’Algérie à l’Egypte et redescend vers l’Ethiopie et les pays de la Corne de l’Afrique.

Mais les échanges commerciaux sont à l’origine de la dispersion de ce frelon dans d’autres régions du monde. Les reines se retrouvent souvent comme les passagers clandestins dans des containers. Le frelon asiatique a été exporté à Madagascar et a été signalé à différents endroits du continent américain. On assiste à une proliferation de Vespa orientalis à l’échelle mondiale.

carte de répartition du frelon oriental
Pays où le frelon oriental est présent avant son arrivée en France (crédit : Nef614)

Le frelon oriental est arrivé en France

En septembre 2021, plusieurs ouvrières, des mâles et de jeunes reines (nommées des gynes) ont été capturées dans un quartier de Marseille et formellement identifiées par des entomologistes comme appartenant à l’espèce Vespa orientalis. Il est donc indéniable qu’au moins une colonie s’est déjà établie sur le territoire français et qu’il y a un risque de naturalisation de cette espèce.

Pour le moment, rien n’est certain sur sa capacité à coloniser nos régions au climat tempéré. Et il est encore possible que cette espèce ne s’implante pas sur l’ensemble de notre territoire. Car le frelon oriental est davantage adapté aux climats secs, contrairement au frelon asiatique qui semble mieux prospérer dans des milieux humides.

Mais le réchauffement climatique, les bouleversements environnementaux, les transports routiers et la capacité naturelle des frelons à survivre à des conditions difficiles, jouent en sa faveur. Il faut donc s’efforcer de le combattre.

Pourquoi le frelon asiatique est-il indésirable ?

Comme les frelons à pattes jaunes (alias frelons asiatiques) et les frelons européens, le frelon oriental est un prédateur des abeilles mellifères. Mais aussi de nombreuses autres espèces d’insectes et d’arachnides. Les ouvrières chassent pour nourrir les larves qui sont dans le nid. Car celles-ci ont besoin de protéines animales pour se développer et croître. Chaque colonie de frelons prélève un grand nombre de proies sur son territoire. L’impact de cet insecte nuisible sur la biodiversité sera évidemment négatif.

Dans les régions où le frelon oriental est autochtone, les apiculteurs doivent mettre en place une lutte intense pour limiter la prédation de leurs colonies d’abeilles. Il est donc à craindre que Vespa orientalis soit une menace supplémentaire pour l’apiculture française. Les éleveurs d’abeilles sont déjà confrontés à de sérieux problèmes avec le varroa et le frelon asiatique. La filière apicole française a de bonnes raisons de s’inquiéter.

Ce que l’on sait, c’est que ce frelon s’attaque (…) aux abeilles domestiques et plus particulièrement aux jeunes essaims de l’année qui sont les plus vulnérables (…)

Citation de François Moreau, Président de la fédération des apiculteurs des Bouches-du-Rhône, publiée dans Le Progrès

La vidéo suivante présente l’attaque d’une ruche par un grand nombre d’ouvrières. Jugez par vous-même des capacités de nuisance du frelon oriental.

Vidéo d’une attaque de ruche par des frelons orientaux (crédit : Dana Aziz)

Cet insecte est-il dangereux ?

Comme les espèces voisines, le frelon oriental est potentiellement dangereux. Comme chez tous les Hyménoptères, les femelles sont équipées d’un appareil venimeux qui comporte des glandes, une poche à venin et un dard. Contrairement aux abeilles, le dard du frelon oriental est lisse. L’insecte est donc capable de piquer plusieurs fois et souvent de façon répétitive. Alors qu’une abeille pique une seule fois puis meurt, car son dard est barbelé et reste fixé dans la peau.

Le venin du frelon oriental contient de nombreuses substances toxiques qui provoquent une vive douleur et une inflammation localisée. Si l’on reçoit une ou quelques piqures d’un seul frelon, il n’y a pas de risque. Toutefois, il faut consulter un médecin au plus vite, si l’on est piqué sur ou dans la bouche. Il faut aussi faire appel aux secours si l’on est allergique au venin de frelon. Il y a urgence car un choc anaphylactique est à craindre.

Comment lutter contre Vespa orientalis ?

Seule la lutte collective est efficace pour limiter l’invasion de cette espèce et si possible pour l’éradiquer. Cette lutte collective ne s’est malheureusement pas mise en place suffisamment tôt pour contrer la progression du frelon à pattes jaunes. Mais avant d’en savoir davantage sur la gestion de l’invasion du frelon oriental, il est important de mettre en place une lutte à son niveau.

Détruire le nid

La seule façon de se débarrasser d’une colonie de frelons est de la détruire. Mais attention, cette opération est dangereuses pour vous et votre entourage. Et pas seulement pour les personnes allergiques. Les ouvrières qui sentent leur nid menacé sortent en grand nombre pour attaquer toutes les personnes et les animaux des alentours.

Pour détruire un nid de frelons orientaux, il faut alors faire appel à un professionnel d’une entreprise spécialisée pour introduire un insecticide dans le nid. Un apiculteur – même revêtu d’une combinaison – ne peut pas intervenir pour traiter un nid de frelons. Ce traitement permet de tuer les ouvrières, mais aussi la reine, qui est l’unique individu apte à pondre. Mais la destruction du nid doit se faire suffisamment tôt dans la saison. Car à partir du mois de septembre, la colonie produit des individus sexués et les jeunes reines seront fécondées.

frelons oriental devant leur nid
Ouvrières de Vespa orientalis qui ventilent l’entrée de leur nid situé dans le sol (Photo : Gideon Pisanty)

Dans l’idéal, les nids détruits (et dans lesquels aucun insectes vivants ne se trouve) doivent être récupérés et remis dans une décharge. Car ils contiennent des produits toxiques qui pourraient intoxiquer les oiseaux et d’autres animaux attirés par les larves s’y trouvant.

Il faut donc être en capacité de repérer les nids le plus tôt possible. On connaît encore peu du comportement de Vespa orientalis dans notre pays. Mais partout où il est présent, ce frelon construit un nid de forme sphérique de préférence sous les avant-toit, dans des cavités d’un mur et parfois dans le sol. Il est possible qu’il s’installe dans les haies et dans les ramures des arbres.

Vidéo prise à l’entrée d’un nid souterrain dans le désert du Thar en Inde (par Naturalist Thar), remarquez le travail de ventilation des ouvrières.

Il faut aussi identifier l’insecte avec certitude. Ce n’est pas aisé, notamment lorsqu’il faut s’approcher d’un nid. Car les attaques se produisent dès que l’on se rapproche de quelques mètres. Le risque pour l’environnement serait de confondre cette espèce avec le frelon européen et de détruire une colonie de notre espèce indigènes.

Capturer les jeunes reines

Chaque jeune reine est une potentielle fondatrice. Sa capture et sa destruction limite l’invasion à l’échelle locale. Il faut donc réaliser un piégeage tant que les jeunes reines sont errantes. Chaque piège reçoit un appât. Les reines à la fin de l’automne et au début du printemps sont à la recherche de sucres. On peut donc les attirer avec le même mélange qui attire les frelons asiatiques. Ce mélange se compose à parts égales de :

  • Bière brune
  • Vin blanc
  • Sirop de Cassis

D’autres mélanges peuvent être attractifs et on observe chez les frelons que les préférences peuvent varier d’un endroit à un autre.

Ce type d’appât n’est pas sélectif et l’on capture par la même occasion de nombreux insectes indigènes. C’est pour cette raison que certains s’opposent à la pose de pièges.

Capturer les ouvrières

La capture des ouvrières permet de limiter la pression de prédation sur un rucher. Et la mort des ouvrières prive la colonie d’un approvisionnement optimal de nourriture. Les apiculteurs sont maintenant informés sur les méthodes de lutte à mettre en place dans les ruchers. Il s’agit comme pour la capture des jeunes reines de disposer des pièges avec des appâts sucrés ou protéinés.

Les frelons orientaux sont aussi des charognards et leurs ouvrières collectent de la chair sur les cadavres (Photo : Erik Karits).

Le frelon oriental est une espèce de taille similaire au frelon européen. Il est donc plus gros que le frelon asiatique. En cas d’attaque sur les ruches, il faut disposer à l’entrée de celles-ci une portières pour empêcher l’entrée des frelons. On peut aussi utiliser une muselière que l’on dispose devant chaque ruche.

Que faire si vous rencontrez un frelon oriental ?

Guêpes et frelons par leur présence font peur à tous le monde. Mais tous les frelons sont des insectes calmes, lorsqu’ils sont éloignés de leur nid. Une piqûre est possible lorsque l’insecte se sent menacé. C’est la cas lorsque l’on marche dessus ou que l’on saisi un objet où une ouvrière s’est posée.

Mais à proximité d’un nid de frelons le risque de se faire piquer est très important. Les ouvrières attaquent en groupe et la victime peut recevoir des dizaines ou des centaines de piqûres. Les frelons peuvent poursuivre sur plusieurs dizaines de mètres les fuyards. Ne les sous-estimez pas.

Il est très dangereux de détruire un nid de frelons par soi-même. Si vous suspectez la présence d’un nid de frelons orientaux vous devez faire intervenir un professionnel de la désinsectisation.

Si vous rencontrez un frelon oriental, cela ne signifie par pour autant que le nid est proche. Mais le signalement est important. Vous pouvez le communiquer auprès de votre mairie ou au service environnement de votre communauté de commune, en insistant sur le risque d’invasion et le danger pour l’environnement et les personnes. Vous pouvez aussi contacter le Muséum national d’histoire naturelle de Paris ou bien le cabinet d’expertise Ecotonia.